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le tramway d'alexandrie est devenu un élément important de la pollution sonore par colin clément il est 16 heures trente et il fait beau à alexandrie. c'est l'heure du thé, les gâteaux circulent, les invités bavardent. mais toutes les trois minutes à peu près, les conversations s'interrompent, les convives haussent la voix et les petites cuillères tintent dans les tasses comme s'il y avait un léger tremblement de terre. cette interruption régulière n'est que passagère; on pourrait presque dire qu'elle rythme la vie à alexandrie. c'est que notre scène de la vie raffinée se passe dans un appartement qui donne directement sur la ligne de tramway de ramleh. du cœur de la ville jusqu'à la banlieue est de victoria, soit sur une distance de quelque dix kilomètres, tous les alexandrins qui vivent près de la ligne doivent subir cette intrusion pendant environ vingt heures chaque jour. on dit que cela fait partie du rythme de la vie quotidienne, mais cette nuisance est devenue maintenant plus bruyante et dérangeante que jamais. le bruit les vibrations ne sont plus perçus seulement par ceux dont les logements donnent directement sur la ligne, mais jusqu'à deux cent mètres de chaque côté. une source nous dit que presque 20 % de la population d'alexandrie est maintenant soumise à cette forme grave et croissante de pollution sonore. les dangers possibles ont été dramatiquement expliqués dans une lettre publiée récemment dans le journal al ahram. un médecin d'alexandrie, le docteur hany soliman madkour, qui étudie actuellement à londres, prétend qu'en sept ans il a examiné l'ouïe de 15 000 alexandrins. 97,8 % de ceux qui souffraient de problèmes d'audition vivaient sur ou près de la ligne de ramleh, 49 % d'entre eux étaient de jeunes enfants. il a calculé que plus du tiers des personnes affectées pourraient devenir complètement sourdes. si le docteur madkour a raison, la ville d'alexandrie se trouve confrontée à ce qu'il n'hésite pas à qualifier de «catastrophe environnementale». le niveau de la pollution sonore n'est plus une simple nuisance, mais une véritable menace à la santé et au bien-être. il est impossible de nier l'importance de la ligne de ramleh en tant que moyen de transport. un billet de 10 piastres à peine permet à ceux qui n'ont pas de voiture et ne peuvent pas se payer le taxi d'avoir accès à ce service vital. le tramway transporte environ 25 000 passagers à l'heure, et le nombre de billets vendus indique qu'en 1991 presque 9 millions de voyages ont été effectués. il est évident qu'alexandrie ne peut pas se passer de ce service et tout aussi évident qu'elle ne peut mettre en danger l'ouïe du cinquième de sa population. le docteur ali hassan est un spécialiste des transports à l'université d'alexandrie et il siège au conseil d'administration de la régie des transports locaux. «les problèmes et les dangers sont évidents. le développement et l'amélioration de la ligne de tramway constituent la grande priorité de la régie», déclare-t-il. il conteste néanmoins certaines des assertions du docteur madkour qui ont été reprises par la presse locale. le docteur madkour soutient que le tramway actuel, de fabrication japonaise et en service depuis les années 70, n'a pas été conçu pour un usage urbain car il est trop gros et trop lourd. il n'est pas le seul à alléguer que le remplacement graduel des traverses de bois de la ligne par du béton a augmenté considérablement le niveau de bruit. le docteur hassan rétorque : «notre tramway est un très bon véhicule. il peut être utilisé en ville et au-delà et même dans des tunnels. en allemagne, le même véhicule est utilisé comme tramway.» à propos des traverses, le docteur hassan dit : «je préférerais le bois, mais je ne suis pas contre le béton. il est possible d'utiliser du béton.»abdel-moneim abdel-ghany, le vice-président et ingénieur chef de la régie des transports, est d'accord avec lui :«le problème ne se situe pas au niveau du choix entre bois et béton, il provient de la mécanique du sol. le sol est très faible et le ballast (le lit sur lequel rails et traverses sont posés) devrait être refait.» et ce n'est pas tout. un rapport préparé en mai-juin 1991 par la faculté de génie de l'université d'alexandrie montre que même si les véhicules sont bons, presque tout le reste ne vaut pas grand chose. le docteur hassan poursuit : «nos études montrent que nos rails ne conviennent pas à ce système. ils n'ont pas les dimensions qu'il faudrait. les jonctions des rails sont trop larges. l'alignement de la voie (i.e. les tournants) est défectueux. pire encore, le ballast est incapable d'absorber le bruit et les vibrations des tramways. ce système a été conçu pour le tramway précédent.» comme bien des alexandrins s'en souviennent avec nostalgie, les anciens tramways avaient une carcasse de bois et une impériale. comme ils étaient entrés en service il y a plus de 60 ans, leur remplacement s'imposait depuis longtemps. maintenant que leurs successeurs passent dans un grondement de tonnerre, il est évident qu'il ne suffisait pas de remplacer les véhicules. heureusement, la réfection des voies paraît imminente. m. abdel-ghany, dont le bureau est assez proche de la station de shatby pour qu'on y ressente les secousses, nous dit : «nous travaillons en collaboration avec la direction des chemins de fer et nous allons refaire toute la voie.»les travaux sont estimés à 600 000 livres égyptiennes par kilomètre et même si toutes les parties impliquées restent dans le vague quand on leur demande d'où viendra l'argent, le docteur hassan se montre optimiste : «quand nous aurons l'argent, il ne faudra pas longtemps pour concrétiser l'amélioration, à peu près dix jours par kilomètre.» m. abdel-ghany espère que les travaux seront terminés dans un an et demi. entre-temps, alexandrie connaîtra-t-elle une épidémie de problèmes d'audition? le docteur faiz el-ibrashi, un oto-rhino-laryngologiste, estime que les problèmes de l'oreille qu'il rencontre le plus souvent chez les alexandrins sont les infections habituelles, «otitis media» et «otitis interna». à son avis, même si le tramway est une source de pollution sonore, les risques pour l'ouïe sont bien supérieurs dans l'industrie là où les travailleurs sont placés dans des endroits clos et où ils sont soumis constamment à un niveau de bruit élevé. le docteur onsy abd el-alleem, un expert du contrôle du bruit et de l'ingénierie acoustique, est du même avis, mais il fait observer que les effets de la pollution sonore peuvent être psychologiques tout aussi bien que physiologiques. «des niveaux de bruit excessifs peuvent affecter le sommeil, diminuer l'efficacité au travail, augmenter le comportement agressif et entraîner une perte de concentration.» ses études identifient la circulation routière comme la cause la plus importante de pollution sonore dans la ville, même s'il croit que le tramway y contribue de plus en plus. «ce sont les vibrations du tramway dans la bande des fréquences basses, de 300 à 1000 hertz, qui créent le problème. c'est une bande à laquelle l'oreille est très sensible.» le docteur abd el-aleem s'est montré légèrement surpris par les allégations du docteur madkour : «le tramway n'est pas aussi dangereux que d'autres sources de bruit puisqu'il est intermittent. les effets dur le comportement sont probablement plus importants que les effets physiques. mais il est probablement plus dangereux pour l'ouïe d'habiter rue horreya» (le grand axe routier d'alexandrie). il a décrit le bruit du tramway comme analogue à un robinet qui dégoutte : «c'est très agaçant, cela dérange beaucoup, mais cela ne devrait pas endommager l'audition.» il a cependant identifié une autre cause d'inquiétude. «le bruit et les vibrations du tramway peuvent être dangereuses pour les immeubles adjacents.» compte tenu qu'on a vu des parties substantielles d'immeubles s'écrouler apparemment spontanément, il est encore plus impératif que le projet de réfection de la ligne du tramway soit mis en œuvre rapidement et bien. la ligne de ramleh a d'abord été un chemin de fer à vapeur dans les années 1860 et elle a été électrifiée en 1904; elle est certainement partie d'alexandrie. les noms des stations - glymenopoulis, bolkeley, lauren, schutz, etc. - rappellent les premiers pionniers des banlieues est. elle satisfait depuis longtemps les besoins des habitants et on espère qu'elle pourra continuer de le faire. toutes les dépenses qui pourraient être encourues pour la rendre adéquate seraient insignifiantes en comparaison des coûts physiques, psychologiques et structurels qui seront subis si les travaux ne sont pas entrepris bientôt.

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